Le centre d’innovation de la marque YETI est entouré de secret. Nous y avons été invités en exclusivité pour assister aux tests d’équipements les plus difficiles de l’industrie. Mots :: Frédérique Sauvée // photos :: YETI.
En septembre dernier, j’ai réalisé un vieux rêve qui m’obsédait depuis que je travaille dans le domaine du plein air et de l’équipement : découvrir les dessous de fabrication des produits que j’utilise au quotidien et comprendre comment ils peuvent être aussi solides alors que je les malmène dans la plupart de mes aventures. Pour cela, j’ai accepté l’invitation de l’équipe YETI – vous savez, la marque des fameuses glacières et bouteilles isothermes colorées – à visiter leur centre d’innovation à Austin, au Texas. J’ai eu l’occasion d’entrer dans une salle des tortures peu commune qui m’a fait avoir pitié de pauvres glacières malmenées. Récit.
Quelque part en banlieue d’Austin, Texas. Même sous les menaces les plus insistantes, je ne vous dirais pas où se trouve le centre d’innovation de la marque YETI. D’une part, parce que c’est classé ultrasecret. D’autre part, parce que je m’y suis laissée conduire sans avoir le moindre repère géographique de la capitale texane.
Une fois rendue sur le stationnement, je remarque des véhicules pleins de boue séchée, équipés de tentes de toit high tech et bariolés d’autocollants de pêche à la ligne, de vélo de montagne et d’escalade qui laissent présager qu’une belle communauté d’amateurs de plein air travaille dans ces locaux toutefois bien ordinaires de l’extérieur.
Nous sommes accueillis par Matthew Bryson, jeune et sympathique responsable de l’innovation et de l’ingénierie chez YETI. Il nous présente quelques produits phares de la marque (glacière solide Tundra, glacière souple Hopper, tasse isolée Rambler), déclinés sous une myriade de couleurs flash, ainsi que plusieurs prototypes conçus lors des prémices de la marque au milieu des années 2000. J’observe de près certains d’entre eux, découpés, démontés et même percés de flèche ! Tout cela avec un fond sonore de coups de métal répétitifs et plaintifs dans la pièce voisine… Une légère anxiété m’oppresse dans la poitrine tout à coup.
Quand je rentre dans la salle principale de l’entrepôt, je ne sais pas où donner de la tête. Il y a des montagnes de glacières et de gobelets, en plastique, en métal, en carton. On baigne également dans une véritable cacophonie d’imprimantes 3D qui créent des prototypes du bout de leur laser. La palme du bruit le plus intense revient tout de même à une panoplie de robots qui mettent à dure épreuve les futurs produits sur le point d’être commercialisés.
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L’un d’entre eux ouvre et ferme les fermetures à glissière d’un sac à dos Crossroads à l’infini. Son voisin teste la résistance de la poignée d’une bouteille Yonder malmenée. Un gros au centre fait tomber une pauvre glacière directement sur le sol en béton, à répétition. Un peu plus loin, une chaise de camping Hondo se fait écraser sous le poids d’un sac de plomb afin de tester la robustesse de son tissu. Ça tire, ça pousse, ça tort de tous les côtés.
Un ballet tellement hypnotisant qu’on pourrait l’observer pendant des heures en dévorant du maïs éclaté. « Chaque robot porte le nom d’un stagiaire qui, autrefois, devait réaliser ces tests à la sueur de son front », s’amuse Matthew Bryson qui, lui aussi, est passé par là lorsqu’il a débuté sa carrière dans l’entreprise à 26 ans. Aujourd’hui, 8 ans plus tard, il est à la tête du département des tortures et pas un seul produit commercialisé n’est passé sous son implacable test de validation. « On réalise pas moins de 30 à 35 tests différents, uniquement sur les Roadies par exemple ». Il se dirige justement vers une sorte de grande poulie qui tire de manière circulaire une glacière à roue. Le parcours de la glacière emprunte une série d’obstacles semblables à une descente de trottoirs, une passerelle en bois et une section de grosses roches. « On les teste sur plus de 200 miles [321 km] pour tester leur durabilité à toute épreuve. »
Avant de sortir, un drôle d’immense lave-vaisselle pique ma curiosité. L’ingénieur m’apprend qu’il s’agit d’une machine spécialement créée par l’équipe YETI pour tester la résistance d’échantillons aux conditions extrêmes en plein air. Par exemple, ils testent la durabilité d’un tissu ou d’un plastique face à la chaleur sèche du désert du Sud-Ouest américain ou encore à l’humidité du Pacifique Nord-Ouest. Très utile pour l’équipement de la marque dédié à la pêche en mer. « Il s’agit en fait d’un accélérateur de dégradation des matériaux, explique Matthew. On peut ainsi étudier la résistance des écrous, des loquets, des systèmes d’attache à la corrosion du sable ou de l’eau salée. En 4 mois, on fait subir à un produit des conditions semblables à 5 années d’utilisation en vraie nature. »
Je ressors de cette visite totalement fascinée. Dans toutes ses communications, la marque YETI se targue de déployer tous les efforts nécessaires pour fabriquer certains des produits les plus durables de la planète. La plupart de ses glacières et accessoires en plastique dur sont garantis cinq ans, trois ans pour ses sacs à dos et glacières souples. Je ne regarderai jamais plus les produits que j’ai en main de la même manière. Désormais, je les imaginerai passés au préalable par ce purgatoire du plein air où Dieu en personne, Matthew je veux dire, a validé de son sceau leur passage dans leur nouvelle vie en nature.
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J’ai profité de mon passage chez YETI pour demander à l’équipe leurs meilleurs conseils pour garder au frais le contenu de ma glacière le plus longtemps possible :
1. Rangez votre glacière dans un endroit frais avant de vous en servir.
Si votre glacière n’est pas fraîche avant que vous vous en serviez, vous allez perdre un temps précieux (ainsi qu’une importante quantité de glace) à essayer de la refroidir pour qu’elle conserve adéquatement vos aliments. Pour cela, rangez-la au frais quelques heures avant de l’utiliser ou rangez-y des blocs réfrigérants réutilisables.
2. Utilisez deux fois plus de glace que le contenu de votre glacière
Il est important de remplir suffisamment votre glacière pour qu’elle conserve longtemps vos boissons et aliments. YETI recommande le rapport glace-contenu de 2:1, c’est-à-dire que votre glacière devrait contenir ⅔ de glace pour ⅓ de contenu. Privilégiez de la glace sèche (donc très froide) pour la remplir.
3. Privilégiez la glace en blocs plutôt que les cubes
Plus la glace est petite (en cubes par exemple), plus elle refroidit un contenant rapidement… mais plus elle fond rapidement également ! Pour éviter cela, il est recommandé d’utiliser de la glace en plus gros blocs qui restent froids et compacts plus longtemps. Un mélange des deux est aussi envisageable afin d’allier les meilleures caractéristiques de conservation de chacun.
4. Luttez contre les espaces vides
L’espace vide et les courants d’air sont les deux pires ennemis de la conservation du froid. En effet, de grandes surfaces d’air à l’intérieur de votre glacière accélèrent la fonte de la glace au fur et à mesure qu’elle se consume en refroidissant l’air plutôt que le contenu. Par ailleurs, chaque fois que vous ouvrez la glacière, vous échangez l’air froid à l’intérieur contre de l’air chaud à l’extérieur qui doit ensuite être refroidi, ce qui accélère la fonte de la glace. Pour combattre cela, comblez les espaces vides avec de la glace supplémentaire, des serviettes ou du papier froissé.
5. Ne videz pas l’eau de votre glacière
L’eau fondante de votre glace n’est pas un problème en soi, elle permet au contraire d’aider à maintenir au frais le reste de la glace ainsi que les aliments ou boissons. Alors, gardez-la autant que possible jusqu’à votre prochain approvisionnement en glace. Par contre, veillez à bien isoler vos aliments pour qu’ils ne soient pas en contact avec l’eau ni ne flottent au risque d’altérer leur salubrité.
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