Parc des Hautes-Gorges : la crème de la glace – GWC Mag

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Jamais le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie n‘a été aussi populaire parmi les adeptes d’escalade de glace. Surtout depuis que l’accès à ses parois est beaucoup plus facile. Un changement qui vient avec des avantages, mais aussi des inconvénients. Mots :: David Savoie.

Guide et grimpeur de glace, Stas Beskin a piqué ses piolets dans de nombreux coins froids de la planète. Le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie lui semble un terrain de jeu particulièrement intéressant, parce que « les murs sont grands, la saison est longue et l’approche est courte », explique le guide. « Les gens ne réalisent pas ce qu’ils ont dans leur cour arrière ! »

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Le grimpeur Yan Mongrain sur la voie de la Pomme d’Or W15+, 330 mètres, 5ème longueur, dans le parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie. Photo: nelson rioux

Ce parc de la région de Charlevoix n’a rien à envier aux sites de l’Ouest canadien. Les adjectifs « majestueux » et « unique » reviennent souvent pour décrire l’endroit. Cascades et chemins de gel abondent dans le parc, et tout le potentiel d’escalade de glace est loin d’être exploité. Le tout presque sans risques d’avalanche, contrairement aux Rocheuses. « C’est peut-être le secret le mieux gardé au Canada », croit Stas Beskin.

Le site charlevoisien était déjà bien connu des glaciéristes, avec des voies ultra classiques comme La Pomme d’or et La Loutre. Mais il y a encore quelques années, pour accéder aux piliers de glace, il fallait une sacrée volonté et une bonne endurance, puisqu’il fallait parcourir une trentaine de kilomètres en skis ou en raquettes afin de se rendre au pied des parois. Louis-Philippe Ménard s’en souvient. Celui qui grimpe sur la glace au Québec depuis près de 30 ans a réalisé plusieurs fois cette approche épique pour se rendre aux voies classiques. « Quand tu allais faire La Pomme d’or, il s’agissait d’une fin de semaine d’expédition », se souvient-il. Et cela nécessitait entre autres de faire du camping d’hiver.



Aujourd’hui, un accès plus rapide est venu changer la dynamique pour les grimpeurs sur glace. Le chemin est déneigé depuis 2019, une information qui s’est diffusée lentement mais sûrement parmi la communauté de grimpeurs aux piolets affûtés. « On dirait que c’est arrivé un peu à retardement », note Louis-Philippe Ménard. Le site a connu une popularité fulgurante qui s’est manifestée durant la dernière saison, si bien que plusieurs cordées voulaient faire la même voie la même journée. Cette nouvelle affluence pourrait d’ailleurs forcer les grimpeurs à instaurer un meilleur système de communication.

Plusieurs glaciéristes, comme Stas Beskin, voudraient voir davantage de développement dans la vallée. Si l’escalade de glace est une discipline endossée par la Sépaq, qui gère le parc, l’engouement pour ses parois hivernales se heurte cependant à des difficultés.

L’administration du parc n’est pas fermée au développement de la pratique. Mais « ce n’est pas nous qui allons faire des efforts pour augmenter l’offre d’escalade de glace dans le parc », prévient André Rouleau, directeur des parcs nationaux des Hautes-Gorges et des Grands-Jardins. Historiquement, au Québec, les parcs nationaux ne sont pas impliqués dans le développement de l’escalade, que ce soit sur roche ou sur glace. « Je ne suis pas fermé à cette idée, mais il faudra qu’il y ait un projet solide qui nous soit présenté », explique le directeur du parc.

Et il y a toute la question de la sécurité, très délicate en ce qui concerne cette activité. Ainsi, une évacuation de grimpeurs sur des terrains accidentés et reculés, par temps froid, serait complexe, estime André Rouleau, et plusieurs organisations, comme la MRC, devraient être mises à contribution.

Pour Stas Beskin, il est clair que des grimpeurs de partout dans le monde afflueraient s’ils savaient tout ce que recèle le parc des Hautes-Gorges. Une histoire à suivre, donc.


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